LA NUTRITION, UNE ARME CONTRE L’INFLAMMATION

par Oscar bvba sur August 18, 2023

 

 

 

Responsable de nombreuses pathologies chroniques, la réaction inflammatoire intervient aussi activement dans le processus de vieillissement. Parvenir à la moduler doit être un objectif central en médecine morphologique et anti-âge. Une prise en charge nutritionnelle adaptée peut permettre de réduire cette inflammation et ses effets associés.
 
La réaction inflammatoire aiguë est une réaction de défense de l’organisme contre un hôte indésirable ou lorsque l’une de nos barrières naturelles, comme la peau, les muqueuses intestinales ou pulmonaires, sont l’objet d’une effraction. La réaction inflammatoire peut devenir chronique et délétère en entraînant l’apparition d’une pathologie inflammatoire chronique. Son impact est visible dans les maladies intestinales, comme la maladie de Crohn, ou articulaires, comme la polyarthrite rhumatoïde, mais également déterminant dans l’élaboration et la propagation des cancers et de l’athérosclérose. Si les recherches les plus récentes révèlent que l’inflammation favorise la résistance à l’insuline et perturbe la cicatrisation, elles montrent également l’importance de son rôle dans le processus de vieillissement. Ainsi, l’un des piliers de la médecine morphologique et anti-âge doit être la prise en charge complète de la réaction inflammatoire, dont l’un des principaux axes sera la nutrition. En effet, l’alimentation pouvant entraîner des effets aussi bien bénéfiques que néfastes sur la réaction inflammatoire, il est possible – grâce à certains principes nutritionnels – de limiter cette inflammation.

 

Modifier la balance des acides gras

 

Il convient tout d’abord de corriger la balance entre les acides gras, en diminuant les acides gras saturés, trans et oméga 6 et en augmentant les oméga 3, cet équilibre conditionnant la durée et l’intensité de la réaction inflammatoire. En effet, l’acide arachidonique est le précurseur des prostaglandines de type 2 qui possèdent le potentiel le plus inflammatoire, tandis que l’EPA et le DHA, précurseurs des prostaglandines de type 3, permettent de temporiser le climat inflammatoire. En cas de stress cellulaire, quelle qu’en soit la cause, la phospholipase A2 est activée. Celle-ci détache, par hydrolyse, l’un des trois AGPI (acides gras poly-insaturés) en C20 du phospholipide et le soumet à une cascade enzymatique qui va le métaboliser en médiateurs cellulaires de l’inflammation. La phospholipase A2 n’a pas d’affinité particulière avec l’un ou l’autre de ces AGPI, elle agit simplement sur l’AGPI le plus proche. C’est donc seulement la proportion de chacun de ces acides gras présents dans les phospholipides membranaires, qui entraîne un effet métabolique plus ou moins pro-inflammatoire.
Enfin, les acides gras sont également les précurseurs d’une nouvelle classe de lipides qui stoppent la réaction inflammatoire : il s’agit des lipoxines, résolvines et neuroprotectines, dérivées respectivement de l’acide arachidonique (AA), de l’acide éicosapentaénoïque (EPA) et de l’acide doco(sa)hexanoïque (DHA).
 

Réduire le stress oxydant

 

Il est essentiel de combattre le stress oxydant, en proposant une alimentation riche en antioxydants contenus dans les fruits, les légumes, le curcuma ou le thé vert. 

 

 

Le curcuma

 

Il possède des propriétés anti-inflammatoires par inhibition du NF kappa B (Nuclear Factor kappa B), par la production de cytokines comme le TNF-alpha, et aussi de cyclo-oxygenase 2 (COX2), des lipo-oxygénases (LOX) et de NO-synthétase. Il a également des vertus antioxydantes, une action anticancéreuse en forçant l’apoptose des cellules cancéreuses et une action hypocholestérolémiante. 

 

Le thé vert

 

Sa consommation pourrait diminuer le risque cardiovasculaire, ralentir le déclin cognitif et participer à la lutte contre l’obésité, en augmentant la thermogenèse et en modifiant la répartition des graisses. Par son action antioxydante, le thé vert diminue l’oxydation des LDL, module la production de NO par l’endothélium vasculaire, baisse le niveau d’activation des plaquettes, de la PCR (Protéine C-Réactive), de l’homocystéine et augmente l’excrétion du cholestérol. À cela s’ajoute l’action vasodilatatrice des flavonoïdes. Enfin, le thé vert aurait une action sur l’insulinorésistance en augmentant la thermogenèse grâce à ses catéchines.

 

Le resvératrol

 

Il possède une puissante capacité à inhiber la production d’eicosanoïdes et la libération des cytokines inflammatoires. Il détient des propriétés antioxydantes par compétition avec le cœnzyme Q10 et diminue la production des espèces oxygénées réactives au niveau du 3e complexe de la chaîne respiratoire mitochondriale. Il détruit les radicaux superoxydes qui se forment dans les mitochondries et inhibe la peroxydation lipidique induite par les produits de la réaction de Fenton au cours de la production d’énergie. Il protège les lipides de la dégradation par la peroxydation et stoppe de façon dosedépendante l’entrée des LDL oxydées dans la paroi vasculaire. Il renferme des propriétés anticancéreuses en induisant la mort cellulaire et en renforçant l’effet de la vitamine D sur les cellules cancéreuses. Enfin, il protège les cellules du vieillissement par son action sur les gènes sirtuines**. 

 

Les flavonoïdes

 

Contenus dans le chocolat noir et la quercétine, ils ont des propriétés anti-inflammatoires. Le chocolat a une action sur l’agrégation plaquettaire, sur le profil lipidique et la PCR (Protéine C-Réactive), tandis que la quercétine inhibe la formation des médiateurs de l’inflammation comme les prostaglandines et les leucotriènes. 

 

L’huile d’olive

 

Cinquante grammes d’huile d’olive contiendraient l’équivalent de 10% d’une dose d’ibuprofène.

 

Produits d’origine animale et gluten

 

Les produits d’origine animale – viandes, produits laitiers, œufs, poissons – doivent être limités, car ils participent à la réaction inflammatoire à des degrés divers selon leur richesse en acide arachidonique (l’acide gras le plus délétère concernant l’inflammation), leur richesse en acide urique, la synthèse de polyamine et la présence du glycan Neu5Gc. 

 

Le lait

 

Le lait ne contient pas de gynolactose et d’acide gammalinolénique, substances essentielles au développement cérébral, ce qui peut retentir sur le niveau intellectuel, mais aussi sur la réponse immunitaire, en raison des intrications entre système nerveux et système immunitaire. Est aussi délétère la présence de peptides non-soi, qui peuvent jouer le rôle de xéno-antigènes, initiateurs des maladies auto-immunes. De même quant à la présence d’hormones et de facteurs de croissance, comme l’IGF1. Ces processus, parmi bien d’autres, participent peut-être au développement important des maladies dites dégénératives dans les populations occidentales, depuis quelques décennies.

 

Le blé

 

Le blé et ses apparentés contiennent des protéines comme la gliadine, que les mucines et les enzymes humaines ne peuvent dégrader, car leur structure a été modifiée par les mutations et/ou par la cuisson. Ces protéines non dégradées pourront alors exercer des actions nocives, comme l’agression contre la muqueuse du grêle avec état inflammatoire chronique, la perturbation de la flore intestinale, la fourniture de peptides antigéniques déclenchant une pathologie auto-immune comme dans le cas de la maladie cœliaque.

 

La nutrithérapie

 

La prescription de probiotiques, de magnésium, de dérivés azotés et la phytothérapie, peuvent être des compléments intéressants. L’altération de la perméabilité intestinale, causée par une infection, des toxines ou autres facteurs, favorise un transfert aberrant d’antigènes à travers l’intestin en engendrant des réponses immunitaires inappropriées. Des études récentes ont montré que la consommation de probiotiques stabilise la fonction barrière de l’épithélium intestinal. 
Le déficit en magnésium entraîne une rétention sodique, une pénétration excessive du calcium, une accumulation du fer dans la cellule où celui-ci catalyse la formation de radicaux libres et par voie de conséquence une accélération du vieillissement cellulaire. Les médiateurs de l’inflammation – que sont les cytokines pro- ou anti-inflammatoires – peuvent être contrôlées par les nutriments azotés comme la L-glutamine et l’arginine.

 

Prise en charge

 

Sur le plan clinique, certains signes locaux et généraux sont à rechercher, tout d’abord dans le but de déterminer les réactions inflammatoires aiguës ou chroniques . Sur le plan biologique, la réaction inflammatoire sera classiquement mise en évidence par un profil protéique comprenant le dosage de la protéine C réactive (PCR), de l’orosomucoïde et de l’haptoglobine, que l’on peut compléter par une électrophorèse des protéines. L’inflammation perturbant l’état nutritionnel du patient, il est classique d’adjoindre les dosages de l’albumine, de la pré-albumine et d’évaluer le statut en fer du patient (NFS = numération formule sanguine), la ferritine et le cœfficient de saturation de la transferrine.
La prise en charge en médecine morphologique et anti-âge d’un patient présentant un état inflammatoire devrait également comporter un profil en acides gras, un bilan de stress oxydant, l’évaluation de la fonction intestinale, le dosage de la vitamine D et celui de l’homocystéine. Dans l’avenir, il pourra être complété par le dosage de l’hepcidine.
Enfin, il sera important de rééduquer le patient à la mastication et de l’encourager à pratiquer une activité physique régulière et modérée.

 

Conclusion

 

"La réaction inflammatoire est une composante essentielle de plusieurs pathologies chroniques, mais aussi un facteur déterminant du vieillissement. C’est donc un aspect important à prendre en compte dans notre pratique de la médecine morphologique et anti-âge – outre les procédures médicales esthétiques – afin d’apporter au patient les armes contre un vieillissement global prématuré. La prise en charge doit alors débuter par un bilan clinique et biologique complet du patient, notamment de son état inflammatoire et de son stress oxydatif, afin de proposer un réajustement nutritionnel adapté."
 
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